Perdonad que escriba ésta vez en francés. Este artículo surgió respondiendo a una pregunta de alguien en francés. Y salió esto:
Je n’étais pas ravie par le discours du Roi. J’aurais voulu voir plus d’empathie. Peut-être un appel du dernier moment au dialogue… Un mot ici ou là pour les actions des policiers… Quelques phrases en catalan (qu’il a fait l’effort d’apprendre). Bref: les charges policières ont donné une si mauvaise image de l’Espagne, que j’aurais aimé qu’il en offre une autre, plus aimable.
Le problème, c’est que les choses sont allées si loin que je ne suis plus sûr de savoir quelle est la bonne réaction. Je suis incapable d’en juger.
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Je m’explique: la Generalitat ne fera marche arrière en aucun cas. Puigdemont est depuis toujours un indépendantiste qui rêve de passer à l’histoire, soit comme celui qui a essayé (kamikaze), ou bien comme celui qui a réussi l’exploit. Dans tous les cas, il passe à l’histoire comme un héros catalan pour la prochaine génération. Je pense que lorsqu’il appelle au dialogue et à la médiation, ce n’est qu’un alibi pour obtenir la reconnaissance de son statut d’égal à égal avec l’État. Et donc, de son indépendance de facto… et de droit (les indépendantistes catalans ont passé leur propre législation parallèle, annulée par les tribunaux espagnols mais aussi approuvée au parlement catalan contre l’avis des experts juridiques du même parlement et outrepassant les droits de l’opposition).
C’est pour ça que je pense que les jeux sont faits. Et que, dans cette situation concrète, le gouvernement central n’a pas d’autre choix que reprendre le contrôle. Ou, plutôt, essayer de reprendre le contrôle. La même chose pour le Roi. Le défi et immense.
L’Europe entière a beaucoup à perdre. Pas seulement pour l’effet domino. C’est qui est en jeu c’est le concept de démocratie. La notion de citoyenneté. Le respect de l’autre en ce qui concerne les règles adoptées démocratiquement par tous. Nous vivons un coup d’Etat postmoderne. Il peut réussir car il utilise les moyens modernes de populisme (post-vérité, réseaux sociaux, …) avec lesquels le Brexit ou Trump ont triomphé, et parce que l’État utilise (et encore, maladroitement et sans intelligence) les anciennes méthodes.
Bien sûr, l’État a commis des erreurs mais elles ne justifient pas la situation. Si on regarde en arrière, ces 40 dernières années ont été extraordinaires pour tout le pays. La Catalogne surtout. Elle a trouvé une place dans le monde (Jeux olympiques, essor économique, Barcelona ville mondiale, récupération de la culture et de la langue catalanes, gouvernement propre avec large autonomie…)
L’Espagne a très mal joué ses cartes jusqu’à maintenant. Elle est dans une très mauvaise position. L’Espagne a cédé tous les pouvoirs sur le terrain avec une décentralitation poussée et naïve basée sur la fidélité. Même les Mossos d’Esquadra (la police catalane avec ses 17 000 membres) n’obéissent plus aux juges. On l’a encore vu dimanche, lors du referendum. C’était eux qui étaient supposés intervenir pour retirer les urnes en suivant un mandat judiciaire. C’est face à son inaction que la police nationale est intervenue… déjà trop tard. A ce moment-là, les urnes étaient déjà là et la population, avec des gens âgés et même handicapés, faisait barrière.
Le gouvernement espagnol est tombé directement dans le piège. Oui, c’était un piège. Le gouvernement aurait dû laisser faire…
L’État espagnol est si décentralisé qu’on ne peut pas étudier en castillan en Catalogne. C’est ainsi depuis des années, même si la plupart des catalans ont l’espagnol comme langue maternelle, et que les deux langues sont officielles. Ceux qui sont allés aux tribunaux pour demander cet enseignement en espagnol (en Espagne tout le monde devrait avoir le droit à étudier dans sa langue maternelle si elle est officielle sur le territoire) ont obtenu gain de cause. Or les arrêts judiciaires ont été ignorés par las autorités catalanes. Les résolutions des tribunaux sur ce sujet et bien d’autres n’ont jamais été exécutées. Et le gouvernement central n’a rien fait pendant des années.
Inaction. Naïveté. Absence d’État. Dans les médias controlés par le gouvernement, et même dans les écoles, l’endoctrinement est fou depuis longtemps. Ce n’est pas facile pour ceux qui ne sont pas pour “le droit de voter” la sécession, ceux qui considèrent que la liberté c’est justement de lutter pour ses idées dans un quadre légal démocratique
Je suis sûr qu’il aura beaucoup d’indépendantistes qui vont me dire que j’invente des problèmes qui n’existent pas. Ça fait partie du jeu. Et ceux qui ne sont pas d’accord n’osent pas se faire remarquer en s’opposant à l’opinion dominante. Ils se dissent pacifistes, tolérants… C’est sans doute pour cela que on doit écrire “Catalunya” au lieu de “Cataluña” même si tu écris ton texte en espagnol! Comme si on t’obigeait à dire ou écrire “London” à la place de “Londres”, lorsqu’on écrit ou on parle en espagnol.
Ceux qui ne sont pas nationalistes en Catalogne ne sont pas organisés. Abandonnés par l’État depuis toujours, ils préfèrent se taire pour avoir une vie sociale et civile. L’emprise du nationalisme sur la société est telle que, c’est qui est vraiment bizarre, c’est que les nationalistes n’ont jamais obtenu la majorité en nombre de voix jusque maintenant. Ils ont tout juste une majorité de sièges dans le parlement autonome.
Ils ne sont pas majoritaires dans l’absolu, mais sont incroyablement mobilisés. Et si motivés qu’ils sortiront dans la rue à n’importe quel moment sur un simple mot d’ordre par sms, twitter ou Watsapp de la part d’organistations comme l’ANC ou Omnium qui contrôlent les masses. Enfin, on espère au moins qu’ils les contrôlent encore. Car le chaos peut être encore pire si ce n’est pas le cas.
L’enjeu c’est l’opinion publique internationale. Et pour l’instant, c’est l’Espagne qui perd contre les “catalans pacifistes que ne demandent qu’à voter”. Les indépendantistes ont très bien joué. Il faut le reconnaître. Ils avaient fait un pari très risqué. Ils n’avaient guère de possibilités de gagner. Mais ils avait bien galvanisé leurs partisans. Et ça, c’est un outil incroyable.
Quant au gouvernement espagnol, il n’a pas été à la hauteur. Alors maintenant il n’a plus le choix. Il doit, au moins, essayer de récupérer le contrôle. Mais ce n’est pas gagné. Pas du tout.
On va tous perdre.
Á lire:
https://www.telos-eu.com/fr/politique-francaise-et-internationale/le-derapage-catalan.html
P.S.- Finalment ce texte a été publié Chez La Libre Belgique le 08-10-17:
gracias por tu contesta.
«maladresse», «erreur», je pense que ces mots sont insuffisants. L’aveuglement de l’Etat espagnol est plus profond qu’une simple erreur. je pense que le problème remonte à ce que n’a pas réglé la Transition. C’est plus un problème de mémoire, de rythmes de ces mémoires. 1978 : on met un couvercle, on ne juge pas le franquisme de ses débuts (1936) à sa fin (75), de peur de ranimer les vieilles querelles. 40 ans de peur organisée ont gagné sur ce besoin de justice. La peur, ça tient une génération (25 ans environ). Les enfants catalans ne sont pas nés dans cette peur, ceux de Podemos non plus. Et la Guardia civil ou le sentiment national espagnol ne portent pas cette part du passé qui aurait du les inciter à réfléchir avant d’agir.
Je suis assez d’accord avec le reste.
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